Insolite
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L'Arc de triomphe redevient un lieu de création poétique et littéraire : découvrez le travail de Gabrielle Althen inspiré par sa résidence dans le monument !
Le Centre des monuments nationaux (CMN) chargé, entre autres missions, de valoriser le patrimoine, de le rendre accessible au plus grand nombre et d’assurer la qualité de l’accueil, encourage également la participation des monuments à la vie culturelle en organisant des initiatives telles que l’accueil d’artistes en résidence.
Dans le cadre de cette mission, l’Arc de triomphe-CMN lance sa toute première résidence de poète en 2024. L’objectif de ce projet est de commander une œuvre poétique originale, inspirée de la perception sensible du monument et de sa vie culturelle.
Pour cette première édition, le monument a choisi d’inviter l’artiste Gabrielle Althen, poète et écrivaine.
Le projet de résidence à l’Arc de triomphe s’inscrit dans la lignée de l’inspiration littéraire autour du monument et de son histoire, initiée par Victor Hugo. Dès 1823, Hugo a établi un lien profond avec l’Arc de triomphe. En tant que figure engagée et défenseur du patrimoine, il a laissé un héritage littéraire marquant, célébrant notamment l’Arc de triomphe à travers des œuvres telles que « À l’arc de triomphe de l’Étoile » in Odes et Ballades (1823), « À l’arc de triomphe » in Les Voix Intérieures (1837), « Funérailles de Napoléon » in Choses vues (1840-1841), ou encore « Le Retour de l’Empereur » in La légende des siècles (1859). De plus, les funérailles nationales de Victor Hugo ont débuté sous l’Arc de triomphe en 1885, avant son inhumation au Panthéon.
D’autres écrivains ont également évoqué le monument et les évènements se déroulant sur son parvis, tels que Jules Michelet (1798-1874), Alphonse de Lamartine (1790-1869), George Sand (1804-1876), Théophile Gautier (1811-1872), Edith Wharton (1862-1937), Kikou Yamata (1897- 1975), Ernest Hemingway (1899-1961) ou encore André Malraux (1901-1976).
La résidence de poète à l’Arc de triomphe s’inscrit donc dans cette tradition qui lie son histoire à celle de grands poètes et écrivains. Ce projet vise également à initier un lien inédit entre le monument et la création contemporaine dans le but de produire des textes sensibles et artistiques actuels, accessibles à tous.
Pendant le mois de mai 2024, l’Arc de triomphe est devenu le lieu de recherche et de travail pour une artiste invitée, Gabrielle Althen, chargée de créer une œuvre littéraire ou poétique originale.
Une salle située au cœur du monument a été mise à disposition de l’écrivaine, lui offrant la possibilité de s’immerger dans la vie du monument et dans sa programmation culturelle. Plusieurs visites et rencontres ont été organisées dans le but de lui faire découvrir la vie et les coulisses de ce monument emblématique de la France.
À l’issue de cette permanence, l’œuvre est diffusée auprès du plus large public en tant que texte de médiation artistique et esthétique du monument, ainsi que comme support pédagogique pour des ateliers d’écriture créative.
L’œuvre rédigée fera également l’objet d’une présentation publique pour les visiteurs sous la forme d’un ou de plusieurs « parcours en poésie », comme dans le cadre de la Nuit de la Lecture, qui se tiendra au mois de janvier 2025. Ces visites-événements sont réalisées en collaboration avec un guide-conférencier de l’Arc de triomphe.
L’artiste invitée pour cette première édition de résidence à l’Arc de triomphe est Colette Astier, connue sous le nom d’art de Gabrielle Althen.
Professeure émérite de Littérature comparée à l’Université de Paris-Ouest-La Défense, elle a consacré une partie significative de son œuvre à la poésie, avec une douzaine de livres et des nouvelles. Parallèlement, elle a développé une réflexion approfondie sur l’art et la littérature, incarnée par le concept de critique méditative.
Gabrielle Althen s’engage également dans des projets multidisciplinaires, collaborant avec des peintres, traduisant des poèmes et contribuant à des créations musicales. Membre de l’Académie Mallarmé et jury du prix Louise Labé, elle est reconnue comme une figure éminente dans le paysage littéraire contemporain pour ses diverses publications et ses collaborations artistiques.
Quelques publications :
J’étais très heureuse de cette démarche de résidence a priori : j’ai l’habitude de travailler seule dans mon bureau, en regardant les arbres. C’est très bon de voir des êtres, d’avoir de la sympathie. C’est très bon aussi d’être dérangée de son ordre : je tiens à mon ordre, je le défends ; mais il faut que je le quitte systématiquement.
Arrivée dans l’Arc de triomphe, il y a eu toutes ses petites relations de sourires ou de regards que j’ai noué avec les personnes que j’ai pu rencontrer, petits plaisirs donnés et gratuits.
Pour moi le lieu n’était pas un lieu de travail, mais un lieu d’étude. Quand j’étais là, comme je suis quelqu’un qui ne s’ennuie jamais, j’ai travaillé ! De ce que j’avais donc vécu à l’Arc, je partais avec chez moi. Ça m’a ainsi demandé de sortir de moi-même, de prendre autre chose. J’ai eu beaucoup de plaisir, et j’espère que mon texte en donnera quelque chose. Quand j’écris, je sais où je vais, je connais mes rites, mon public et sa sensibilité, là je ne sais pas où je vais.
M’a marqué, très certainement, son emplacement sur la butte de l’étoile. Toutes ces travées dans la géographie de Paris qui y mènent, les Champs-Élysées, les Tuileries, de la Pyramide du Louvre jusqu’à la Défense, soulignent l’importance capitale de l’Arc. C’est la proposition vers laquelle on monte, et même les touristes qui passent en badauds y sont sensibles sans toujours en avoir conscience. Il n’est pas étonnant que les auteurs aient pendant si longtemps admiré le monument : il se passe quelque chose ici qui est de l’ordre de la manifestation de puissance. Il y a aussi une stabilité, je n’oserais pas dire un repos, mais une énergie, un pouvoir. Ce monument, qui doit à l’histoire, qui est un monument de souvenir, est une porte : il conduit vers le dehors et vers l’avenir. La puissance n’est intéressante que si elle se déploie sur quelque chose d’important. Ici, c’est peut-être le bien-fondé d’une vie nationale, ou d’une cohésion nationale. « Guerre et paix », c’est ça l’Arc de triomphe. Par chance, on le voit par le biais de la paix, mais beaucoup l’ont vu par la guerre. Et c’est un bien national, complètement collectif.
L’entièreté de l’Arc me fascine, mais j’ai trouvé que les plaques qui étaient au sol m’ont particulièrement touchée. Il y en a plusieurs : des évènements historiques, des hauts faits, il y a l’appel du Général de Gaulle. « La France n’est pas seule », répétée trois fois. La Flamme m’a beaucoup émue aussi. C’est un symbole très important, c’est la vie : elle est ravivée et éternelle, C’est très important, parce que c’est un signe, et le rite qui l’accompagne, celui du ravivage penche vers l’éternité de la chose. Nous avons besoin de rites communs, de rites nationaux, qui n’existent pas vraiment en France. Celui des fleurs et de la flamme, ça compte.
Téléchargez le texte original rédigé par Gabrielle Althen sur l’Arc de triomphe ! Cette œuvre prolongera votre découverte du monument, de son histoire à des coulisses, par le regard esthétique et sensible de l’artiste.