Histoire

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Premières fonctions politiques et honorifiques

De la fin de la Monarchie de Juillet à la Commune de Paris, en passant par le Second Empire, découvrez ici l'histoire de l'Arc de triomphe de 1848 à 1871.

Premiers hommages nationaux

Février 1848, la Monarchie de Juillet laisse place à la Deuxième République. L’Arc de triomphe devient alors un monument de curiosité touristique. L’administration des bâtiments civils supervise son ouverture à la visite qui reste malgré tout exceptionnelle. Le développement de la photographie va contribuer à la notoriété grandissante de l’Arc de triomphe, et tout particulièrement le Daguerréotype qui en fait un monument incontournable de la capitale et qui en vante déjà le panorama unique.

Les dernières années du règne de Louis-Philippe sont marquées par deux événements qui initient la vocation honorifique du monument lors de cérémonies funèbres. En 1840, Louis-Philippe envoie le Duc de Joinville, son fils, à Sainte-Hélène pour exhumer et rapatrier les Cendres de l’Empereur Napoléon. Le 15 décembre, un char monumental traverse l’Arc de triomphe devant une foule de plus de 400 000 personnes.

Le 3 août 1842, l’Arc de triomphe accueille une nouvelle fois un convoi funéraire, celui du Duc d’Orléans. Le fils de Louis-Philippe avait succombé quelques jours plus tôt à un accident de calèche

Le retour des cendres de Napoléon, 1840.
Char funèbre de Napoléon Ier près des chevaux de Marly à l'occasion de la cérémonie du retour de ses cendres

Reproduction Patrick Cadet / CMN

L'éphémère deuxième république

Entre 1848 et 1852, l’Arc de triomphe trouve sa place dans des événements liés au culte civique, il devient véritablement un lieu de rassemblement politique et militaire. Le 20 avril 1848, le gouvernement y organise la Fête de la Fraternité. Des gradins sont élevés sous la grande voûte tandis que des drapeaux décorent toute l’Avenue des Champs-Elysées.

De nombreuses femmes brandissent des bouquets de fleurs noués de rubans tricoloresDeux mille hommes, gardes mobiles, garde nationaux, troupes de lignes et gardes républicains sont mobilisés pour un grand défilé.  À 21h, une salve de vingt-et-un coups de canon annonce l’arrivée du gouvernement provisoire à la tribune. Cette grande fête populaire tranche avec les rassemblements conservateurs que la Monarchie de Juillet avait organisé autour de l’Arc de triomphe. 

Le 19 novembre 1848, les parisiens sont invités à se rendre à l’Arc de triomphe pour assister au grand feu d’artifice qui sera tiré à l’occasion de l’entrée en vigueur de la Constitution. Quelques mois plus tard, le 4 mai 1849, gouvernement décrète la tenue d’un grand défilé militaire à l’occasion de l’Anniversaire de la Proclamation de la République.

Fête de la Fraternité dédiée à la garde nationale et à l'armée, le 20 avril 1848.
Fête de la Fraternité dédiée à la garde nationale et à l'armée, le 20 avril 1848.

© Reproduction Patrick Cadet / Centre des monuments nationaux

Les grands travaux du Baron Haussmann

Le 2 décembre 1852, Louis Napoléon Bonaparte (Napoléon III) se fait proclamer Empereur. Devant un grand plébiscite, il entre dans Paris en traversant l’Arc de triomphe avec ses troupes. Napoléon III remet en lumière l’héritage de Napoléon 1er, son oncle. Ainsi, chaque 15 août de son règne donnera lieu à une grande fête suivie de feux d’artifices à l’Arc de triomphe.

Motivé par la volonté d’assurer un meilleur maintien de l’ordre, et de mettre en valeur les monuments de la capitale, le baron Haussmann propose à Napoléon III de grands travaux d’aménagement de la Place de l’Étoile. Il confie en l’aménagement à l’architecte Jacques Ignace Hittorff. Les frontières de la ville sont repoussées au moyen de la Loi du 3 novembre 1859 qui prévoit l’annexion des communes limitrophes. Afin de refermer la place sur elle-même, Hittorff dessine douze avenues disposées en étoile et reliées par des hôtels particuliers de quatre étages et dont l’architecture est identique. 

Les Pavillons et la barrière de l’octroi sont alors considérés comme désuets, ils seront démolis en 1860. Enfin, le 23 mai 1863, un décret impérial prévoit de rebaptiser le Promenoir de Chaillot en Place de l’Étoile.  

Vue aérienne de l'Arc de Triomphe et de la place Charles de Gaulle Étoile.
Vue aérienne de l'Arc de Triomphe et de la place Charles de Gaulle Étoile.

© Reproduction Patrick Cadet / Centre des monuments nationaux

Fin du second Empire et occupation prussienne

Au lendemain la défaite face à la Prusse, Paris est assiégée par les troupes ennemies du 17 septembre 1870 au 28 janvier 1871. C’est au cours du siège que la population de Paris connaît une famine terrible, malgré tout un sentiment de résistance grandit chez les Français. Le groupe sculpté Le Départ des volontaires de 1792 de François Rude devient alors le symbole à la fois de résistance mais aussi d’affirmation des idéaux révolutionnaires

Les troupes du nouvel Empire Allemand obtiendront d’Adolphe Thiers l’occupation symbolique de l’Avenue des Champs-Élysées du 1er au 3 mars 1871. Dans la nuit du 27 au 28 février, les parisiens érigent des barricades autour de l’Arc de triomphe et des Champs-Élysées. On protège alors les quatre piliers sculptés sous des planches de bois, tout en prenant soin de boucher le passage sous l’Arc  pour empêcher les vainqueurs d’y défiler.

 À la levée du siège, comme pour « purifier » l’espace, les parisiens mirent le feu à de la paille et du fumier sur les Champs-Élysées et sous l’Arc de triomphe, là où les prussiens défilèrent le 1er mars.  

Le Départ des volontaires de 1792, dit La Marseillaise, par François Rude.

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

La Commune de Paris

Dès le début de la Commune, le Comité exécutif décide protéger l’Arc de triomphe alors considéré comme un monument républicain de résistance tandis que d’autres monuments comme la Colonne Vendôme furent atteints pour leur référence aux gloires napoléoniennes

Au plus fort des affrontements, les Fédérés de la Commune installèrent une batterie de canons au sommet de l’Arc de triomphe pour riposter aux tirs des Versaillais. Victor Hugo rapporta que les Versaillais s’en prirent de manière acharnée à l’Arc de triomphe. Du côté des Fédérés, le monument doit être épargné notamment pour son ancrage révolutionnaire, un gage de fidélité aux idéaux de la Commune. 

La Troisième République prend en charge les réparations du monument, et notamment au niveau de la façade ouest (Grande-Armée).  À cette même époque, le sculpteur Antoine Etex fut rappelé pour restaurer ses deux groupes sculptés La Paix et La Résistance.

La Porte Maillot après la Révolution de 1871.
La Porte Maillot après la Révolution de 1871.

© Reproduction Patrick Cadet / Centre des monuments nationaux

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